Comment l’aménagement d’une ville peut-il participer à libérer les mémoires coloniales ? Fort-de-France offre un exemple rare et puissant d’une urbanité pensée comme langage politique. Durant plusieurs décennies, sous le long mandat d’Aimé Césaire, les choix symboliques opérés dans l’espace public – statues laissées mutilées, places renommées, rues conservées ou débaptisées, sculptures insurgées, toponymie militante – ont contribué à écrire une « grammaire décoloniale » inscrite dans la pierre, le végétal et le récit. Ce travail d’urbanisme poétique transforme la ville en un texte vivant, où chaque lieu engage une réflexion sur l’histoire coloniale, la justice, la mémoire et l’émancipation.
En retraçant ces gestes, Élisabeth Landi met en lumière un projet singulier : faire de l’espace urbain un territoire critique, où la mémoire ne fige pas, mais libère.