Depuis Homère et ses épopées, les mythes antiques n’ont jamais cessé de nourrir l’imaginaire des écrivains. Héritage universel, ils traversent les siècles, se réinventent, et servent encore aujourd’hui de fondations à de nombreuses œuvres littéraires. Mais pourquoi ces récits venus de la Grèce et de Rome continuent-ils d’exercer une telle fascination sur les auteurs modernes et contemporains ?
Les mythes antiques offrent une galerie de personnages archétypaux qui parlent à toutes les générations : le héros en quête (Ulysse, Héraclès), la figure tragique déchirée par le destin (Œdipe, Antigone), les dieux capricieux reflétant les passions humaines. Ces figures servent de modèles pour penser les dilemmes existentiels, les luttes de pouvoir, l’amour, la mort ou la révolte. Ainsi, chaque écrivain qui reprend un mythe inscrit son récit dans une tradition tout en la réinterprétant.
Nombre d’auteurs modernes se sont emparés de ces récits pour leur donner un nouveau visage. Jean Anouilh, avec son Antigone (1944), fait résonner la désobéissance et le courage d’une figure antique face à la tyrannie contemporaine. James Joyce, dans Ulysse (1922), transpose l’errance d’Odyssée dans les rues de Dublin, brouillant les frontières entre quotidien et épopée. Plus récemment, Margaret Atwood, dans The Penelopiad (2005), redonne une voix à Pénélope et aux servantes muettes d’Homère, revisitant le mythe sous un prisme féministe.
Les mythes antiques ne survivent pas seulement grâce à leur beauté littéraire, mais parce qu’ils posent des questions toujours actuelles. Qu’est-ce que la liberté ? Que vaut la vérité face au pouvoir ? Comment affronter l’injustice ou l’absurde ? Des écrivains comme Albert Camus (Caligula) ou Jean Cocteau (La Machine infernale) utilisent ces figures anciennes pour éclairer les tourments modernes. Les mythes, loin d’être poussiéreux, deviennent un miroir où chaque époque contemple ses angoisses et ses rêves.
La littérature contemporaine ne se contente plus de répéter les mythes antiques, elle en invente de nouveaux, nourris de science-fiction, de fantasy ou même de culture populaire. Pourtant, derrière un héros de bande dessinée ou un personnage de dystopie, on retrouve souvent la trace des figures antiques : le voyage initiatique d’Ulysse, la chute d’Icare, la révolte de Prométhée. Les mythes antiques continuent donc de structurer nos récits, souvent à notre insu.