Domino

« Tout professionnel de l’imaginaire est un professionnel imaginaire » me disait Gombrowicz, sous la canicule, alors que nous dégustions un sorbet au citron, en terrasse du Bouquin. Avec nostalgie, je repense à cet été de la fin du monde… Comme il citait vrai, notre ami polonais. On ne devrait écrire que pour sa propre étoile, ce qui présente l’insigne avantage de ne jamais manquer son public.

Une histoire d’amour ? Ne me dites rien d’humain ! L’intrigue de Domino est si mince qu’elle tiendrait à peine sur un ruban de Möbius. Comment fuir un pays qui n’existe pas — qu’on n’a jamais aimé, et inversement —, pour un autre, tout aussi irréel ? Peut-être suffirait-il de traverser le miroir… Et si l’envers valait l’endroit ? Suivons l’antilogique du rêve, de reflet en reflet, jusqu’au bout du labyrinthe. Si par mégarde nous nous réveillons seuls, dans l’angoisse, parmi les échos qui hurlent, alors, nous relancerons la nuit.

La « morale » de cette histoire d’une autre époque, lorsqu’il existait encore des marges et des mauvais genres, ce pourrait être la suivante : s’il n’est pas donné à quiconque d’aborder les extrêmes, soit dans un sens, soit dans un autre, il est encore plus difficile d’y parvenir simultanément.